Consolidations des carrières parisiennes

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Avant de parler de l'IGC et de leur chantier gigantesque, notons que des consolidations avaient déjà été établies par des propriétaires constrisants de nouveaux gros édifices au dessus :

- Sous l'ex couvent des Chartreux (1259)

- Sous le Val-de-Grâce (par Francois Mansart, 1645)

- Sous les Capucins (1653)

- Sous l'observatoire (par Claude Perrault, 1672)

 

Inspection des Carrières

 

Après plusieurs effondrements monstrueux dans la capitale, attribués par le peuple à des manifestations infernales, Louis XVI créé l'inspection des carrières (IDC qui devient IGC pour "générale"), le 14 avril 1777, avec à sa tête l'architecte royal, Charles Axel Guillaumot. Leurs lourdes missions est de consolider les voies et bâtiments publics, prospecter, inventorier et cartographier les vides de carrières souterraines oubliées. En effet la pierre était extraite dans ces carrières depuis le XIIeme XIIIeme siècle au sud de Paris dans la banlieue champêtre par différent propriétaires non coordonnés. Personne n'ayant répertoriés ni entretenu ces vides, et la ville ayant étendu ses limites sur ces terrains sous-minés, leur fragité est mise à l'épreuve.

D'autres effondrements continueront d'avoir lieux, car les travaux de consolidations nécessaires sont considérables. Charles Axel Guillaumot avait prévenu que ce ne serait pas le travail d'une vie et que certainement ses enfants ne verraient pas le résultat final non plus.

Effondrement 1879 d'une maison du passage Gourdon (actuelle villa St-Jacques).

Dessin Daniel Vierge

Ex batiment de l'IGC place Denfert (en travaux pour faire un musée de la résistance)

Indications gravées par l'IGC

Les premières consolidations ont commencées en 1776, mais c'est à partir de 1777 que l'on commence à identifier chaque ouvrage par un chiffre et l'initiale de l'Inspecteur. A partir de l'année suivante ils réalisent qu'ils faudra remettre les comptes à zéro à la fin de chaque année pour éviter d'avoir à graver des nombres trop long.

On arrive donc à un code de ce style :

N° de la consolidation / Initiale de l'inspecteur / année de réalisation.

 

Mais parfois on a des erreurs, des ouvriers alcooliques ? dyslexiques ? (8174 à la place de 1874)... Retour vers le futur ? Le temps est un support qui parait instable dans ces lieux.

 

 

Habituellement gravée dans une pierre de la consolidation et noicie au noir animal, il arrive parfois que l'inscription de consolidation soit simplement écrite sur le mur, ici en peinture ocre (AP pour assistance publique):

 

CF : Chemin de fer

 

Parfois l'année n'est écrite qu'en début de galerie et les plaques suivantes ne comportent que le chiffre et l'initiale :

Dans le cas ou la galerie est consolidée sur deux années successives, une plaque avec deux cartouches et un trait noir au milieu délimite le changement d'année.

Sous l'hôpital Cochin, quelques consolidations on la particularité d'intégré le mot "Cochin" au cartouche gravé :

Certaines plaques de consolidation sous Guillaumot comportent des lettres/chiffres supplémentaires avant ou après la date (pendant le calendrier républicain) dont je ne connais pas la signification : IR5M, IR6M, IR7M, D7M, B2

 

Autres plaques atypiques :

rue Dareau : l'abreviation "An" pour ancien : signifit qu'il y a eu reprise de maçonnerie

 

"6R"

Ces années sont celles du calendrier révolutionnaire mis en place le 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793). La Convention décrète que le début de l'ère républicaine (commencement de l'an I) est fixé à la date de la proclamation de la République, soit le 22 septembre 1792 (1er vendémiaire an I). La nomenclature du calendrier républicain fut promulguée par décret du 4 frimaire an II (24 novembre 1793). Il fut aboli le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV) par Napoléon.

 

E = Economie de mortier / joint

P = ?

Bis = 2ème conso

 

une autre manière de donner le bis est celle ci :

 

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Plaque de nom des rues

30 juillet 1729, les plaques de nom de rue font surface à Paris. Elles doivent être gravées en noir sur pierre de liais, comme cela sera fait dans les sous-sols 40 ans plus tard. Avant cette date il était très difficile de se repérer dans Paris, car les indications rares, et les cartes inexistantes. Par ailleurs même s'il existe des cartes de Paris depuis le XIIème siècle, elles sont plus artistiques qu'utilisables pour se repérer. Ne figure pas les noms des rues, et elles ne sont pas à l'échelle, alors que les cartes des souterrains sont les plus précises jamais éditée (échelle 1/216). A partir de 1847 les plaques émaillées, écrit en blanc sur font bleues font leur apparition. Alors que celles si ne seront normalisées en surface qu'à partir de 1938.

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Certaines inscriptions au crayon indique l'avancement du creusement de galerie de recherche IGC. A l'origine pour prospecter sur des potentiels présences de vides non répertoriés, elles deviennent des galeries d'inspection pour aller d'un vide à un autre sans avoir besoin de ressortir en surface.


Différents systèmes de numérotations des rues 

Au temps de l'ancien régime seuls certains bâtiments de prestige étaient numérotés en surface dans les rues. On trouve encore des vestiges de cette numérotation en parrallèle dans les sous-sols. Un nouveau système est mis en place pendant la révolution, pour ne rien garder du système monarchique. En 1791 la numérotation devient sectionnaire. De 1794 à 1806 le calendrier révolutionnaire est de rigueur, on trouve alors l'année des plaques de "2R" à "14R". En 1805 on adopte le système de numérotation des rues actuelles paires/impaires, le système sectionnaire n'étant pas pratique du tout pour se repérer.

Parfois le numéro de la maison ou immeubles administratifs situés en surface est indiqué comme repère :

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Les limites de propriété sont également représentées par un trait noir, gravé de part et d'autre de la galerie :

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Il y a parfois également le nom du propriétaire :

rue d'Assas

 

 

Tout les types d'édifice peuvent servire de point de repère et se retrouver en plaques gravées :

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Autres inscriptions :

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Ancien trou de service (ATS)

Trou de service remblayé (TSR)

Puits de service comblé (PSC)

Ancien puits de service comblé :

 

 

Puisard : petit bassin servant à la rétention d'eau

 

Fontis stalibisés

Pour les consolidations de fontis (ou cloche de fontis), elles se font, soit par le haut, soit par le bas, avec une flèche gravée indicant la modalité, parfois des murs maçonnés ou voute pour soutenir le ciel.

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Profondeur

La profondeur des carrières, indiquée en pied/pouce ou en mètres. 1m = 393,7 pouces = 3,280 pieds, est souvent inscrite pret des puits et escaliers.

Pour lire les inscriptions de profondeur, au dessous du trait, altitude négative par rapport au niveau le plus bas de la Seine en l'été 1719, en dessus du trait, la profondeur, le nombre de mètres recouvrant le ciel de carrière.

Les deux lettres parfois présentes au dessus... Je pense qu'elles indiquent un ordre dans lesquels ils ont été fait, tout simplement.

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Repères de topographie

Les inscriptions à la peinture ocre avec souvent une croix associée, sont des repères tracés par les ouvriers topographes lors de la cartographie des vides.

Consolidations d'aqueducs

Les anciens aqueducs sont aussi consolidés par-dessous en carrière. Généralement il y a deux galeries de part et d'autre du cours de l'aqueduc.
Aqueduc d'Arcueil = Aqueduc de Marie de Médicis

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Aqueduc de Vanne = Loing / Lunan

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Consolidations du métro

Les consolidations du métro sont reconnaissables, faite en murs de meulières. Sous les stations de métro chaque uns des quais sont consolidés, en sous sol cela correspond à un rectangle de galerie caractéristique.

Des plaques en taule émaillée, indiquent parfois l'emplacement du métro (souvent volées).

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Les consolidations modernes se font souvent par injection de matériaux liquides, boues noires (cendres de centrale thermique chargées de métaux lourds ou bentonite) ou bleue/blanche, qui durcissent, ou de sables, dommage, tout le contenu est condamné, plus de galerie de surveillance des vides.

Souvent on voit sous Paris des injections mal contenues, qui se répandent sur plusieurs galeries adjacentes. Des ouvriers sont envoyés pour vérifier ce genre de débordements et les enlever.

Ouvriers envoyés par l'IGC pour nettoyer les débordements d'injection de la rue St-Jacques coté du levant, après les injections sous le nord du Val-de-Grâce :

 

 

 

 

Inspecteurs général des carrières :

 

Charles Axel Guillaumot

Inspecteur : 1777 - 1791
& 1795 - 1807

Héricart de Thury
Inspecteur : 1809 - 1831


Edmond Marie Lorieux
Inspecteur : 1851 - 1856

Edouard Blavier (photo ENSMP)
Inspecteur : 1856 - 1858

Charles Amable Alban JUDAS du SOUICH
(C) Photo collections ENSMP
Inspecteur : 1865 - 1866



Michel-Eugène LEFÉBURE De FOURCY
Inspecteur : 1866 - 1870

(C) Photo collections ENSMP

 

Louis-Marcellin TOURNAIRE
Inspecteur : 1875 - 1878
(C) Photo collections ENSMP

 

Octave Keller en 1860, élève de l'Ecole des Mines de Paris (promotion 1858)
(C) Photo collections ENSMP

Inspecteur : 1885-1896

Charles Emile WICKERSHEIMER
Inspecteur : 1896-1907
Photo Ass. Nat.



Paul Weiss
(C) Photo collections ENSMP
Inspecteur : 1907-1911

 

*Dupont 1776 - 1777 (avant la création de l'IGC)

Charles Axel Guillaumot 1777 - 1791

Noël Laurent Duchemin 1791 - an II (1792)

Pierre Antoine Demoustier an II - an III (1792 - 1793)

François Jean Bralle an III - an IV (1793 - 1795)

Charles Axel Guillaumot 1795 - 1807


**Commission administrative 1807 - 1809 (C Mon)

Louis-Étienne François Héricart-Ferrand, vicomte de Thury 1809 - 1831

Trémery 1831 - 1842

Chrétien-Auguste Juncker 1842 - 1851

Théodore Marie Clair Lorieux 1851 - 1856

Edouard Blavier 1856 - 1858

Charles Louis Ernest de Hennezel 1858 - 1865

Charles Amable Alban JUDAS du Souich 1865 - 1866

Michel-Eugène LEFÉBURE de Fourcy 1866 - 1870


André-Eugène Jacquot 1870 - 1871

*Lantillon 1871 (pas de travaux)

André-Eugène Jacquot 1871 - 1872

Descottes 1872 - 1875

Louis-Marcellin Tournaire 1875 - 1878

Nicolas Ernest Gentil 1878-1879

Emile Louis Roger 1879-1885

François Octave Keller 1885-1896


Charles Emile Wickersheimer 1896-1907 (plaques fer émaillées)


Paul Louis Weiss 1907-1911

 

APRES 1911 :

[...]

Alban Guillon

 

 

 

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