Je demande l'autorisation de
traversée en avril, puis j'imprime les topos du bouquin de
Guillaume, le Verneau souterrain (Y. Aucant- C. Shmitt - J.P.
Urlacher), dessine le trajet au fluo, les plastifie, lis et
relis les descriptifs, et surveille la météo avec obsession.
Habituellement, je regarde sur le site météociel.fr
(Deservillers) où le modèle de prévisions (WRF-NMM) sont assez
précis et fiables et l'on peut visualiser l'accumulation des
précipitations. Nous avons aussi consulté les prévisions sur
http://www.meteo60.fr/previsions-meteo-agricole-nans-sous-sainte-anne.html
Une première fois en mai, un
créneau météo apparait, mais trouver deux jours avant des
spéléos disponibles et de confiance pour constituer une équipe
d'au minimum 4 pouvant poser une journée pour faire cette sortie
sur plusieurs jours... pas évident. C'était l'occaz d'élargir
les cercles de connaissances. Mais c'est long...
Puis l'occasion c'est représentée.
On devait faire une sortie à la cool sur un week-end avant le
stage perf dans le doubs de Bab et Steffi. Biefs-Boussets par
exemple :D
Le temps était sec ces derniers
temps, alerte canicule... Le week-end arrive, et le temps une
semaine avant est toujours sec jusqu'au week-end. On commence à
imaginer de faire plus que Biefs. En me renseignant j'apprends
que les cordes d'équipement de Baudin ont été changées depuis
notre passage en février, et que les équipements entre la salle
Machin et le collecteur du côté biefs sont aussi quasi neuf. On
s'assurera quand même nos arrières pour éviter d'être coincés au
3/4 de la traversée. Steffi et Ludo côté grotte Baudin dans
l'équipe bis vont checker les cordes du puits du ballot et du
légionnaire. Ludo avait fait la reconnaissance de février. Bhv,
Mark, Bond'accord et Kafka partiront pour la traversée
descendante le même jour. Déséquipement le lendemain. Seulement
la veille, des orages commençaient à pointer leur nez sur les
prévisions météo... J'étais prête à tout annuler. Mais je
contacte le spéléo secours du Doubs, et on me rassure, le niveau
est exceptionnellement bas en ce moment, les précipitations
prévues sont très faibles et en début de soirée. Le sol est très
sec, ce qui devrait tamponner l'infiltration. On devrait pouvoir
y aller sans trop s'inquiéter, en partant tôt et en restant sur
un timing raisonnable, sans faute d'orientation. Pas le droit à
l'erreur par contre, la météo se dégradant plus sérieusement le
dimanche après midi. Bien entendu, sous réserve de vérifier la
météo encore avant de partir le matin, être sûr qu'il n'y a pas
aggravation de ces prédictions. On me conseille l'application WeatherPRO.
Je constate qu'elle dit quasi les mêmes choses que météociel.
Par contre on peut dire que météo France ne se mouille pas avec
50% de chance d'orage et pas de précision sur la hauteur des
précipitations (une chance sur deux ? sans blague, on a besoin
de modèle stat pour dire ca?)
Donc impatiente, je prend un rtt
vendredi, j'enkite les Biefs-Bousset à Bagneux, je me répète 20
fois tous le matos à ne pas oublier. 20H, je récupère les autres
à la sortie du taff à porte d'Orléans. Les quatorzièmistes
cataphiles excités dans la bagnole n'ont pas beaucoup dormi, on
arrive au gîte du Lison à 1h du mat passé. Repas improvisé.
Ronflements tonitruants. Réveil à 6h30. Plus on entrera tôt,
plus on sera loin des gouttes du samedi soir et des éventuels
orages du dimanche. 7h, Techniques de la spéléologie alpine de
Marbach, chapitre H-2, on frôle de justesse une méforme
pré-cavernale. Serons-nous 4? 3? non, c'est bon, le 4ème se
lève. Café serré, tartines, plat de pâtes, Biefs-boussets. On
croise Guy Decreuse et un autre spéléo doubiste du GCPM qui
s'apprêtent à se faire une sortie photo sur la journée à la
grotte Baudin, et nous parle des fameuses photos de notre
François de février.
(http://speleo-gcpm.fr/tiens-voila-du-baudin/) La méteo n'a pas
empirée, elle a même diminué les précipitations cumulées pour la
journée. Il reste malgré tout une alerte jaune de risque d'orage
et de canicule.
Entrée 8h30... hum. Le stress se
dissipe, avec la fraicheur de la grotte. J'équipe les puits, 1h
plus tard on arrive à la partie supérieure du méandre. Je râle
un peu sur l'obstacle. Je me rappelais bien la dernière fois,
j'avais fait porter mon kit aux gars. Cette fois je me démerde,
faut pas exagérer. Une fois le méandre passé je me dis, que le
plus dur est derrière, huhuhu. On enchaine sur les chatières
laminoir. A la salle Machin j'enfile ma veste de combi. Je n'ai
pas pris de combi sous combi de spéléo classique comme les
autres, mais un shorty de windsurf 2mm, avec dessous un collant
de cycliste, ce qui m'a permis d'alterner entre le kway et la
veste néop en haut sans me changer intégralement. Les autres
décident de rester comme ça pour l'instant. On passe les
galeries basses aquatiques.
12h on rejoint le collecteur du
Verneau. La galerie déroule bien. On arrive au passage Voute
basse et passage supérieur, je nage en dessous, longée à une
corde au plafond, Mark me suis, les autres passent au-dessus.
13h on arrive au siphon des
Patafouins. On m'a conseillé de ne pas l'emprunter. On
s'approche pour voir à quoi ca ressemble, l'eau se trouble
direct. On m'a dit, pour vraiment gagner du temps, il faudrait
savoir le prendre, et que tout le monde passe sans hésiter.
Bref, personne n'hésite. On prend l'escalade des Dentelles.
Corde à noeuds engluée sur la gauche, remontée en rampant sur de
la glaise, et remontée de puits de la jonction p35, oups je n'ai
pas pris mon bloqueur de pied. Puis redescente d'une serie de
ressauts.
14h, on jette un oeil de l'autre
coté du siphon des patafouins... le niveau est bas, il ne devait
pas être long. Sans regret, aucun. le tube en "U" est un passage
en pente douce boueuse, plutôt en forme de "V" ou l'on passe à 4
pattes, dans une flaque d'eau peu profonde, au creux du "V".
C'est ici un point critique qui n'est plus possible de franchir
en cas de crue. La traversée est engagée. On ne fera plus
demi-tour. Normalement. Salle du Ptit Loup, salle du Gnome, on
arrive sur des grands volumes, certains évoquent des souvenirs
du Berger, d'autres de la PSM. Ici on s'arrête un temps pour
manger un peu. Salade de pâtes, barres céréales. Et les autres
enfilent leur néoprène. Je me refroidis assez vite. Magnifique
idée, je sors la super bougie que m'a filé Clément. Je suis
quand même contente quand on repart.
15H30 On se réchauffe rapidement
dans la trémie avec une petite escalade, et une désescalade qui
nous fait légèrement hésiter, mais non, il y a des scotchlight
et des cairns partout, on est sur la bonne voie. Une corde
équipée en fixe nous permet de descendre le dôme d'un immense
effondrement ancien pour rejoindre l'actif.
16h, Cette fois on est dans ce qui
ressemble à un canyon. La partie aquatique commence. Des
marmites ou de larges bassins. Parfois on passe en marchant, de
l'eau jusqu'au cou, parfois on doit nager quelques brasses, le
sac sur le dos, de peur qu'il se remplisse d'eau et m'emporte
Ayant opté pour des sacs de bateau étanche et des sacs poubelles
pour etre plus à l'aise dans les étroitures plus un petit bidon
de 500gr. Je conseille de prendre un vrai bidon de 3L pour etre
plus à l'aise dans l'eau, le kit n'a pas coulé, mais je n'ai pas
osée me reposer dessus. Les sacs poubelles ont malgré tout
fonctionné, j'ai réussi à faire traverser le Verneau au sec à un
rouleau de PQ et des chaussettes de kilt en laine.
Au moins j'avais les mains libre. De mémoire, il y avait 4
tronçons où je n'ai pas eu pied de mon mètre 62. Arrêt, je
grelotte. Nager, ca réchauffe. On est bien.
17h00, Bhv et Bond'accord
s'engagent dans l'affluent des égouts. On les regarde se crotter
dans la mousse verte et revenir.
Quelques petites cordes équipées en
fixe, notamment le puits du vieux fou, je crois, où on atterrit
direct dans de l'eau profonde. Du coup on préfère défaire le
descendeur sur un rebord 1m avant de sauter dans l'eau. Surprise
le poids de nos attirails nous fait couler la tête dans l'eau.
Ca surprend. Mais on remonte à la surface instantanément. Des
petites grenouilles nous regardent passer. Elles semblent
piégées. Un peu au ralenti. Molasses
Les bassins sont de plus en plus
imposants. Par endroit l'eau pleut du ciel. Petite pensée pour
la surface. On trace.
19h On arrive à la Corniche,
passage de vire équipée en fixe. Il ne reste que le bassin
merdique en aquatique. Trempette. On comprend qu'on est bien là.
Le sol du bassin est recouvert d'une profonde couche de boue
molle. On ne sait pas vraiment si on marche ou si on nage. On
dirait plutot qu'on plante vaguement les jambes dans un truc mou
pour avancer dans l'eau. Après ca, on rejoint de grandes salles.
Un petit coup de puissante lumière pour voir des sortes de
fontis immenses, rappelant la salle Belauce. le bon gros et
petit raciste.
On récupère un environnement
familier. On rejoint la zone qu'on avait atteinte en février,
c'est rassurant. On n'a pas perdu de temps en se paumant. De
plus, le niveau d'eau est plus bas que ce qu'on avait vu en
hiver. souuuufle... Le puits du légionnaire avec une corde neuve
rose, la galerie des plaquettes, et le puits du Ballot, aucun
problème. On voit même des ptits bouts de corde en plus qui
n'étaient pas là en février. Appréciable.
Passage de la galerie des
aiguilles, on s'attendait à faire un dernier plouf. En février
remplit d'eau jusqu'au cou, avec quelques mètres à nager, en se
tenant à une corde au ciel. Et là ? plus rien, pas d'eau, que de
la boue nutella. Marrant :)
Dans la salle des momies, j'enlève
la veste néop remet mon kway, et un pull polaire sec. Mark se
remet en comb + sous comb spéléo. Les autres restent en néop
complète jusqu'au bout.
21h30 La plage. Quelle surprise de
retrouver nos deux cataphiles de l'équipe bis qui squattent sous
un point chaud. On échange un peu. T'es rentré par où ? t'as pas
des tracts ? c'est quoi ton pseudo ? Et se redivise rapidement
en 2 groupes. J'ai réussi à me retremper dans une petite cascade
et les pauses me pompent de l'énergie en grelottant. Bhv reste
avec Steffi et Bab, pour une pause. Bond'accord et Mark
repartent avec moi pour sortir as soon as possible. Faut quand
même pas zapper qu'il doit pleuvoir 3 gouttes dehors. Puis on a
un peu hâte de trouver nos lits. Galerie des blocs, Christian
Devaux, l'oreille, Fournier, puis re l'actif dans les dernières
marmites avant la vire en acier. Le rythme se ralentit un peu,
petit à petit, puis exponentiellement quand on s'engage dans le
boyau du GSD. On est comme des limaces. Les chatières de la fin,
on se traine littéralement. Sans dignité. Je passe en tête pour
chercher la bouffée de chaleur de la sortie. AHhhhhhhhhh !
00h17.
Un male de chouette hulotte hulule
à côté, je surprends un chevreuil endormi et 2 yeux orange me
guettent sur le chemin. Un renard ?
Quelques gouttes de pluie
commencent à tomber. Le vent souffle par bourrasque. Un arbre
craque. On file au gîte. Le tonnerre commence à gronder au loin.
Mauvaise surprise j'ai oublié toutes mes fringues de rechange
dans la voiture, parking des biefs... hum
Le deuxième groupe sort 2h plus
tard, et nous rejoint au gite vers 3h après des pauses clopes.
Après, je m'endors comme une pierre. Une nuit sans rêve.
Le lendemain on se reveille tôt,
sans réveil. Tant mieux, on ne va pas attendre trop que les
Biefs se remplissent d'eau. Après le petit dej' on m'accompagne
aux biefs pour que je m'habille. Une bière pour enlever les
courbatures et fêter ca. Bond'accord retourne m'accompagner au
trou pour qu'on déséquipe, en 1h c'est réglé.
Désolée j'ai perdu ma pédale dans
le collecteur...
Au final, il est tombé 2,6mm de pluie en cumulé
le samedi en soirée. Et 9,6mm le dimanche sur la journée.
Pendant ce temps là à Paris, c'est ambiance crue, dimanche il
est tombé 67.7mm dans la journée, et le périf est fermé à minuit
quand on rentre.